Lettre d’Auguste Bartholdi à Roch-Abel Palazzi / 17 aout 1865

Grâce à la générosité de Laurent Ghionga, nous sommes en mesure de vous présenter aujourd’hui un document inédit.

Une lettre du très célèbre sculpteur Auguste Bartholdi  adressée à Roch-Abel Palazzi datée du 17 aout 1865.

Auguste Bartholdi n’est autre que l’auteur de la statue de la Liberté de New-York ou encore du Lion de Belfort, Roch-Abel Palazzi quant à lui est architecte et entrepreneur des travaux publics,  c’est lui qui est appelé en 1865 par le conseil municipal cortenais à dresser le plan de la place sur laquelle doit être érigée la statue en bronze du Duc de Padoue, Jean-Thomas Arrighi de Casanova.

Dans cette lettre il est question des plans de la statue, d’obtention de souscription de l’Etat, de prix du transport et d’un certain « Mr Arrighi, Duc de Padoue » qui n’est autre que Ernest Louis Henri Hyacinthe Arrighi de Casanova, 2ème Duc de Padoue et fils de Jean-Thomas.

La statue du duc de Padoue sera présentée au Salon qui se tenait tous les ans, aux Champs Elysées et Bartholdi dessinera lui-même le piédestal sur lequel elle est placée.

Le modèle en plâtre est conservé au château de Courson, propriété du duc de Padoue restée à ses descendants.

Le 16 février 1868, une somme de deux mille cinq cents francs est votée pour la cérémonie de l’inauguration. Le monument est inauguré le 17 mai 1868.

Régalez vous de ce bout d’histoire cortenaise !

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O le rise de Gregale ! Journal A Ciccona Juin 1954

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Comme nous l’avons souligné dans un précédent article sur le Journal paroissial A Ciccona, l’Abbé Paul Filippi mieux connu sous le pseudonyme de Gregale a largement participé à la composition du mensuel cortenais, notamment en fournissant de petites blagues au journal.

Gregale sera présent sur la région cortenaise à partir de 1952-1953, il est alors en binôme avec  Sauveur Casanova et complète ainsi l’équipe de l’archiprêtre Antonetti.

Il s’investit beaucoup auprès de la jeunesse au sein du presbytère (Parc-Hôtel) où filles et garçons venaient jouer le jeudi.

Poète et musicien il participa aux premières activités du groupe cortenais A Manella avec son ami Jacques Luciani.

Il animait également des lotos, des soirées guitares et mandolines durant lesquelles il racontait de fantastiques histoires, parfois drôles, parfois émouvantes, à l’image de sa légèreté et de son immense bonté .

Alger en 1943

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Photographie prise à Alger en 1943

Incorporation dans l’armée Française :

(de gauche à droite)

- Jean CASANOVA

- Joseph-Antoine GHIONGA 

- Jean-Baptiste ARAGNI

- Toussaint PULICANI

- Pierre ANTONI 

Nés tous les cinq en 1920 !

Après un concours de pétanque Place Saint Théophile

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 Photo : J. Martinetti

Remise des prix au bar de la Haute Ville, chez Martine.

De nombreux familiers de la Haute Ville : Martine † au centre, François † et Jean Rinieri, Dédé Lepori † ,Laurent Valentini † , M. Louis Cuiconi †,Bébé Ledda, José et Hilaire Campocasso, François †, Zizi Rovaï, Jean-Pierre « merlo », Corteggiani dit « Giuvanellu », Sauveur Baldacci, Michel Simonetti †, Dary Valentini †, Eugène Rinieri, Jacques Maruchinu †, Joseph-Marie Castellani †

 

Journal A Ciccona Juin 1954

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La paroisse de Corte était vraiment une des très rares communautés à disposer d’un bulletin d’information , dans les années 50-55. L’archiprêtre Antonetti était assisté principalement de deux vicaires : Sauveur Casanova et Martin Brunelli et par intermittence de l’Abbé Paul Filippi.

A l’initiative du Chanoine Antonetti, en charge de la paroisse était offert aux paroissiens une feuille d’informations qui devait prendre un caractère de mensuel. Collaboraient à ce bulletin baptisé « A Ciccona » les prêtres et souvent les laïques dont le Colonel Andrei. Grâce à Jacqueline Sialelli, une des fidèle abonnée, nous sommes en mesure aujourd’hui de vous proposer la lecture du numéro paru en Juin 1954. Il est fait une large place au retour des reliques de Saint Théophile à Corte.

A Ciccona , paraissait deux ou trois fois dans l’année.
Le bulletin paroissial était dirigé et animé par Martin Brunelli . Le jeune prêtre était journaliste dans l’âme . Il prêtait discrètement sa plume à la chronique Curtinese de Nice matin et ne ratait aucun match de l’équipe de foot ball de l’USC . Il en faisait ensuite la relation !
L’Abbé Paul Filippi, auteur-compositeur de plusieurs chansons et humoriste sous le pseudonyme de Gregale contribuait également à ce mensuel. Dans une prochaine chronique nous vous donnerons à lire « O le Rise » dont il était l’auteur.
Au départ de Martin Brunelli A Ciccona cessa. Une fin d’activité peut être aussi liée à des questions financières .

 

La Presse Cortenaise / Fin XIXe – Début XXe siècle

La cité Cortenaise eu une période véritablement florissante d’un point de vue journalistique.

A partir de 1865, la ville se dote de son propre journal : « L’Aigle du Rotondo ».Malheureusement, ce journal n’eut qu’une parution éphémère et sera rapidement remplacé par une revue bimensuelle : « Le Courrier de Corte » qui traite de littérature, d’histoire, de sciences mais également d’agriculture, de médecine, d’hygiène …

A partir de 1880 et jusqu’en 1882 parait hebdomadairement «Le  Tavignano », un journal républicain de l’arrondissement de Corte abordant des sujets divers : la littérature, le commerce, l’industrie, l’agriculture, la publication d’annonces judiciaires… En 1883, le « Tavignano » est remplacé par « Le Montagnard cortenais ». Cette même année 1883 verra naitre «Le Pascal Paoli » dont la parution tiendra jusqu’en 1939.

«Le Corte Journal » quant à lui sera publié de 1898 à 1918.

Petite anecdote : Le Pascal Paoli était l’organe de presse du Pertidone tandis que le Pertidellu recevait le soutien du Corte Journal.

On peut également citer d’autres journaux cortenais de tels que : «Le Nouvelliste de la Corse », un Journal politique, littéraire et commercial (1884-1884), « Le Ralliement » (1886), « La Corse libre » (1895) journal de la réforme évangélique, « La Croix de la Corse » (1900-1902) …

 

Ci dessous Le Pascal Paoli du 27 Octobre 1913

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Paschal Grousset (1844-1909)

Jean François Paschal Grousset est doté de multiples facettes, ce qui fait de lui un personnage tout à fait hors du commun.paschal 2

Né à Corte en 1844, il est le fils de Jean-Alexandre Grousset, professeur de mathématiques entre 1840 et 1845 à l’école Paoli de Corte et de Marie-Catherine Benedetti.

Il grandit dans le Tarn-et-Garonne, région de sa famille paternelle, où naîtront son frère et ses sœurs.

Il fut journaliste au début de sa carrière, notamment protagoniste de l’affaire Victor Noir puis délégué aux Relations extérieures de la Commune de Paris.

Suite à la Commune il est condamné à la déportation en Nouvelle-Calédonie d’où il s’évade en 1874 pour se réfugier en Grande-Bretagne jusqu’en 1879, année de la loi d’amnistie . Il publie ensuite des romans d’éducation et d’aventures, chez l’éditeur Hetzel, sous le pseudonyme d’André Laurie. A signaler que deux de ses romans, achetés par Hetzel, ont été réécrits par Jules Verne sous les titres « Les 500 millions de la Bégum » et « l’Etoile du Sud ».

Un titre a également été co-signé Jules Verne/André Laurie : « L’épave du Cynthia ». En parallèle de son métier d’écrivain il mène une carrière de journaliste dans de très nombreux journaux, revues et périodiques (par exemple l’Illustration), sous le pseudonyme de Philippe Daryl. 

Il est le fondateur en 1888 de la Ligue Nationale de l’Education Physique, promouvant le développement de l’éducation physique et du sport pour tous, en opposition aux préceptes élitistes du baron Pierre de Coubertin : de ce fait, Paschal Grousset a été un des principaux promoteurs de l’introduction du sport en France (par exemple le football) ainsi que de l’olympisme. A partir de 1893 jusqu’à sa mort en 1909, il est député du 12ème arrondissement de Paris.

Nous avons été sollicités récemment par la Société Grousset/Laurie/Daryl  à la recherche d’informations sur le branche familiale maternelle de Paschal Grousset. Ainsi, nous avons pu, grâce à l’aide précieuse des cortenais d’ici et d’ailleurs, constituer un petit fond documentaire concernant cette famille BENEDETTI de Corte.

Voici quelques documents issus de cette recherche :

Acte de Mariage de Jean Alexandre Grousset et de Marie Catherine Benedetti à Corte en 1843

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Acte de naissance de Paschal Grousset (Corte, 1844)

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Acte de Mariage de Paschal Grousset et de Marie Joséphine Elodie Lavolle en 1908

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Si vous disposez de documents ou d’informations concernant la famille de Marie-Catherine Benedetti, n’hésitez pas à nous contacter par message privé via notre page Facebook ou par mail à l’adresse suivante : jfranceschi@cpie-centrecorse.fr

Cours Secondaires de jeunes filles de Corte 1913-1914

La mixité n’existait pas en 1914 dans les écoles. Ainsi, il avait été créé à Corte, un cours secondaire réservé aux jeunes filles .Les enseignants étaient issus des rangs des professeurs du collège Paoli. Les cours étaient dispensés dans un immeuble voisin de l’actuel lycée . Anna Gambini était élève de cet établissement et grâce à l’une de ses nièces de la famille de Jean-Baptiste Sialelli, nous sommes en mesure de partager avec vous ce bout d’histoire et ainsi vous faire découvrir le fonctionnement de cet établissement scolaire. Notons la présence, au sein du corps enseignant de Léon Réallon, professeur de philosophie et morale et mari de Marie-Emilie Réallon, « l’infirmière des soldats corses de la Grande Guerre« .

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Association Amicale des Anciens Élèves du Collège de Corte (École Paoli) Année 1931-1932

Notre ville a toujours donné à ses jeunes générations la possibilité de faire des études. Avant 1933, date d’ouverture de l’actuel Lycée , les cours étaient dispensés dans les bâtiments de l’ex-séminaire ( quartier Grossetti). Plusieurs anciens élèves que leurs études avaient conduit à des hauts rangs dans la fonction publique , ou dans des fonctions d’avocats, de médecins se constituaient en association. Nous avons aujourd’hui la possibilité de pénétrer dans les archives de l’association présidée par le docteur César Orsatelli . Un livret plein de souvenirs que nous a donné la famille de Jean-Baptiste Sialelli , l’avocat Cortenais.

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Le Site de SAN GIOVANNI (Saint Jean)

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SAINT JEAN

     Le site de San Giovanni (Saint-Jean) de Corte est porteur, pour l’histoire de la Corse médiévale, de la plus grande valeur symbolique. Dans la Chronique de Giovanni della Grossa, écrite au milieu du XVe siècle, il est indiqué que le « Palazzu » d’Ugo Colonna situé à une trentaine de mètres de la façade de l’église piévane de San Giovanni, fut fondé par ce dernier, envoyé avec le titre de comte de Corse par le pape de ce temps carolingien, au début du IXe siècle.

Cette chronique datant de la fin du Moyen Age décrit en détail le conflit entre le comte Ugo Colonna et l’armée des Sarrasins enracinée sur le site du « Nid d’aigle » (à savoir le massif rocheux dominant de manière spectaculaire la ville actuelle de Corte), conflit marqué par la victoire finale du comte de Corse Ugo Colonna établi dans son « palazzu » de San Giovanni, alors dit « de Venaco », situé à environ trois kilomètres à l’est de Corte, en direction d’Aleria. C’était en effet originellement le centre de la « pieve » de Venaco, alors centrée sur la vallée du Tavignanu, avant qu’ à partir du XVIe siècle la population vénacaise ne s’établisse bien plus en hauteur et que la ville de Corte ne s’étende nettement vers l’est et n’englobe dans son territoire ce site originel de la « pieve » de Venaco.

La localisation du « Palazzu » d’Ugo Colonna à très faible distance de l’église piévane de San Giovanni et de son baptistère et exactement face à eux, avait une claire signification symbolique, celle d’une résidence à la valeur de capitale politique de la Corse du temps, située au centre même de l’île.

Cette fonction essentielle a donc été accordée à ce site hautement symbolique par le comte Ugo Colonna, fondateur de la lignée des comtes Colonna de Corse, légendairement venus de Rome, lignée dont la disparition est attribuée par le chroniqueur Giovanni della Grossa au meurtre, survenu en l’an mil, du dernier descendant d’Ugo Colonna, à savoir le comte Arrigo Bel Messer et de ses sept jeunes fils sur le site de Palmentu et, pour ces derniers au « Pont de la Pierre », immédiatement voisin de Palmentu, sur l’actuelle commune de Bastelicaccia, près d’Ajaccio.

De ce dramatique événement s’ensuivirent l’éclatement féodal de la Corse durant le XIe siècle et, partant, l’abandon du site du « Palazzu » d’Ugo Colonna dont la fonction primitive de capitale politique de toute l’ile était désormais devenu sans aucune valeur.

De l’église San Giovanni, « pieve » de Venaco, qui présente encore une façade en élévation sur une photographie de la fin du XIX e siècle, il ne subsiste plus aujourd’hui en élévation que l’abside et le baptistère immédiatement voisin. Les campagnes de fouilles conduites de 1956 à 1958 par Genevière Moracchini-Mazel, ont permis de révéler l’organisation globale de l’édifice originel : murs périmétraux, présence de trois nefs séparées par deux rangées de piliers de forme carrée ainsi que les dispositions liturgiques originelles : derrière le chancel on peut voir désormais les premières marches de l’ambon, à savoir une chaire à prêcher centrale évoquant le modèle des églises paléochrétiennes.

Ces éléments de type ancien et surtout le décor extérieur de l’abside pourraient suggérer une datation du Xe siècle. Il en va de même pour le baptistère, immédiatement à l’est de l’abside, infiniment mieux conservé que l’église San Giovanni et remontant dans son état actuel à une date sans doute plus récente que l’église piévane elle-même, soit le XIIe ou le XIIIe siècle, avec la réutilisation de pierres plus anciennes, certaines pouvant remonter à la période romaine.

Jean-André Cancellieri, président de la Société Historique de Corte

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Ci dessous le plan du Parcours de Santé et des Panneaux de découverte 

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Pertidellu / Pertidone : une affaire de familles

Liste MunicipaleDepuis que le monde est monde, la soif du pouvoir aura toujours suscité bien des conflits et souvent même des rivalités au sein des familles. Corte n’aura pas échappé à ce phénomène de société et c’est ainsi que la cité, durant des lustres, et plus particulièrement à l’aune des années 1800, devait vivre au rythme des luttes Pertidone-Pertidellu.

A l’origine de ces deux clans qui plus tard devaient devenir partis politiques des fâcheries, des querelles entre les familles Gaffori opposées aux Arrighi de Casanova et Mariani.

Les belligérants ne devaient pas s’en tenir à leurs propres membres familiaux mais s’employaient à étoffer leurs effectifs.
Le Pertidone (parti majoritaire) avait à sa tête un Gaffori qu’accompagnaient notamment les Guelfucci et Palazzi au plan local mais aussi les Gavini, Pietri, Casablanca, Grimaldi au plan départemental ou de l’arrondissement. Les sympathisants étaient des membres de professions libérales qui étaient pour la plupart des propriétaires fonciers ce qui explique la forte adhésion du monde agro-pastoral qui se sentaient les obligés de leurs bailleurs et autres employeurs. Pour la plupart tous les soutiens des Gaffori habitaient le quartier des Lubiacce.

Le Pertidellu (parti minoritaire) était dirigé par les familles Arrighi de Casanova et Mariani, et épaulé par les familles parentes et alliées Filippini et Benedetti notamment. Dans les rangs des adhérents : des artisans, des officiers en retraite, des juristes mais une infime partie venue du monde ouvrier-agricole du fait que les propriétaires fonciers étaient Pertidone. Les Pertidelli habitaient souvent dans des demeures plus confortables, situées au Castellacce au cœur de la citadelle, pas dans le quartier plus populaire des Lubiacce.

Les deux clans ne vivaient pas en bonne intelligence d’une manière générale mais lorsque se profilaient les élections, c’était vraiment la guerre. On ne comptait pas le nombre d’incidents graves qui devaient rendre peu vivable l’ambiance. On devait hélas aussi noter des meurtres lors des affrontements tels ceux de l’ancien maire et notaire Louis Arrighi en 1823.

L’autorité d’État avait connaissance bien évidemment de cette situation mais elle devait en mesurer la réalité lorsqu’en mai 1831 le Préfet et ses collaborateurs qui rendaient une visite à la cité paoline étaient accueillis par un groupe de trublions du Pertidone. Rapidement les choses devaient s’envenimer, le chahut virait à l’émeute et une fois de trop il était déploré « mort d’homme » : trois victimes !

La politique à Corte devait « plomber » les relations non seulement entre partisans d’un clan ou l’autre, mais aussi entre membre d’une même famille. Au fil des années le statut des deux rivaux devait évoluer et s’affichaient alors carrément des étiquettes politiques.

Ainsi le Pertidone s’inscrivait à droite, tour à tour, en appuyant Denis Gavini et François Pietri puis plus tard Jean-Paul de Rocca Serra et Paul Patriarche et Pierre Pasquini.

Le Pertidellu, quant à lui, prenait fait et cause pour la gauche et plus particulièrement le radical-socialisme en apportant leurs suffrages aux députés Marius puis Paul-Marie puis François et tous les quatre de la famille Giacobbi et en dernier lieu Jean-Paul Luisi et Paul Giacobbi.

« Cerise sur le gâteau » dirait-on aujourd’hui, l’élection de l’un des siens au Palais Bourbon : Louis Adriani (1914-1918). Depuis aucun natif de Corte, un Curtinese Pertidellu ou Pertidone n’a ceint l’écharpe de député. L’esprit de clan prédominant toujours, cependant.

A partir de 1945 recommençaient les hostilités. La mairie à la fin de la guerre était dirigée par le Pertidellu, le maire était Jean-Baptiste Sandreschi. En 1955, après une campagne électorale très ardue, le Pertidone reprenait le pouvoir avec l’élection de Toussaint Pierucci, un Haut magistrat honoraire, toutefois issu du Pertidellu.

Le Pertidone fut détrôné en 1967 avec l’élection d’Etienne Grimaldi, autre magistrat, qui devait être détrôné à son tour en 1970 après une élection en février qui restera gravée dans les mémoires. Inscrits : 4 303. Votants : 9 647 ! Le conseil municipal devait être dissous en mai de la même année, coup dur pour la ville.

Depuis le Pertidellu, ou si l’on préfère le Parti radical-socialiste, n’a plus envoyé l’un des siens occuper le fauteuil de maire.

En mars 2020, une liste d’union aux couleurs droite-radicale-socialiste a obtenu la majorité face à une liste nationaliste. Faut-il alors conclure que le Pertidone-Pertidellu fait aujourd’hui partie du passé ?

La nostalgie parfois se réveille. L’avenir nous le dira… peut-être.

La question est cependant de savoir dans quelle mesure cette longue situation quasi féodale n’a pas été nuisible au développement de la ville. Un blocage systématique des projets, des initiatives, était constaté dès lors qu’ils n’émanaient pas d’un parti ou de l’autre.

Par Daniel COULON CERANI