La musique en Corse

musicaLa parole a été longtemps le seul véhicule des émotions et des transmissions comme dans toutes les régions agricoles et pastorales.C’est à travers le chant que la poésie corse s’est transmise, littérature orale que des générations de corses ont nourri de leur sensibilité à travers les événements de la vie. Les auteurs sont aussi bien les bergers que les paysans, les citadins, les instituteurs, les artisans ou les curés.La poésie corse semble née avec la langue, elle est chantée et souvent improvisée.L’origine du chant polyphonique corse est vraisemblablement antérieure à l’arrivée du christianisme.Au moyen âge, l’influence du chant grégorien semble probable, comme celle pisan, qui occupèrent l’île du XIème au XIIème siècle.Mais le contact entre le chant profane et religieux se fera surtout par les franciscains et les confréries de laïcs. jusqu’au début du XXème siècle, celles-ci vont développer une forme de polyphonie sacrée, spécifiquement corse.Parallèlement, une pratique purement profane demeure: poésies, berceuses, chants d’amour, de travail et d’exil sont chantés au sein de communautés villageoises.La polyphonie corse joue un rôle social, de la naissance à la mort, elle rythme la vie des hommes. Elle est née de la volonté des chanteurs de s’unir et de se fondre dans un chant commun tout en respectant l’identité de chacun.La musique corse est avant tout une affaire de voix, de chants profonds, sans âge, transmis de mère en fille et de père en fils.

On retrouve différents chants polyphoniques:

-Les Paghjelle sont des chants d’amour vantant les attraits de la jeune fille convoitée mais peuvent devenir douloureuse en pleurant les ravages que la belle a fait dans le coeur du chanteur.

-Les Chjami e respondi sont à l’origine des moyens de s’interpeller d’un versant à l’autre mais sont devenues des joutes oratoires chantées dans lesquelles les participants rivalisent d’habileté à improviser des paroles sur le thème du départ du chant.

-La Tribbiera est un type de chant du travail dont le rythme s’inspire du pas des boeufs ou de celui des hommes dans les tâches agricoles manuelles.

-Les Lamenti sont des chants de désespoir lors de deuil qui accompagnent le départ du défunt et soudent la communauté des vivants dans une célébration partagée.Lorsque le chant passe de la tristesse à la vocifération colérique, l’appel à la vendetta est un voceru.

-Les chants sacrés qui rythment les cérémonies religieuses et qui accompagnent toujours les processions des nombreuses confréries de toutes les villes de Corse.Le plus souvent ces chants sont encore chantés en latin parfois légèrement « corcisés ».

Les polyphonies corses sont caractérisées par un chant à trois voix: le bassu, la seconda et la terza.Leur entrée se fait de façon immuable, la seconda qui porte le chant, le bassu plus grave vient la soutenir et la terza la plus haute vient ajouter ses ornements.

Au lendemain de la 2nde Guerre Mondiale, le chant polyphonique corse s’éteint, il n’est plus pratiqué que dans deux villages, Sermanu dans le cortenais et Rusiu dans la castagniccia. Dans les années 1970, il ressurgit du passé, porté par de jeunes chanteurs.Plusieurs groupes réintègrent le patrimoine traditionnel. Ainsi Petru Guelfucci, I Chjami Aghjalesi, A Filetta ou I Muvrini sont partagés entre tradition et création.

 

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