Allocution de M. Valéry Giscard d’Estaing à Corte, le Vendredi 9 Juin 1978
VISITE OFFICIELLE EN CORSE
MON CHER MAIRE, MESDAMES ET MESSIEURS LES MAIRES, MESDAMES ET MESSIEURS LES ELUS, J’ATTENDAIS DE VOUS ENTENDRE, MONSIEUR LE MAIRE, AVEC UNE CERTAINE IMPATIENCE CAR VOTRE REPUTATION ORATOIRE EST CONNUE. DE VOTRE LONGUE HABITUDE DU PRETOIRE, DE VOTRE TRADITION DE FAMILLE, VOUS TENEZ L’ART INCOMPARABLE DU PLAIDOYER, PLAIDOYER POUR VOTRE VILLE, PLAIDOYER POUR LA CORSE INTERIEURE, PLAIDOYER POUR LA FRANCE. ET J’AI ETE TRES HEUREUX DE VOUS ENTENDRE EXPRIMER TRES SPONTANEMENT VOS SENTIMENTS PERSONNELS. D’ABORD CEUX DE VOTRE CONVICTION PROFONDE, QUI FAIT DE VOUS LE PREMIER, MAIS, HEUREUSEMENT, PAS LE SEUL, GISCARDIEN DE L’ILE.
ENSUITE, CEUX D’UN HOMME QUI COMPREND, PARCE QU’IL EST MAIRE DE LA CAPITALE HISTORIQUE DE LA CORSE, L’INTERET PROFOND DE LA COMMUNAUTE INSULAIRE SANS IGNORER LES SOLIDARITES QUI INTEGRENT LA CORSE DANS LA REPUBLIQUE. VOUS AVEZ PARLE DES PROBLEMES PROPRES A LA CORSE DE L’INTERIEUR. SI J’AI TENU A PASSER TROIS JOURS EN CORSE, PUISQUE ME VOILA AU TROISIEME JOUR DE MON VOYAGE, C’EST PRECISEMENT POUR VENIR DANS LA CORSE INTERIEURE POUR RENCONTRER DIRECTEMENT LES ELUS ET LA POPULATION. TOUT A L’HEURE JE VOUS DIRAI QU’AU-COURS DE CE VOYAGE J’AI APPRIS QUELQUE CHOSE DE FONDAMENTAL. MAIS AVANT DE TIRER CETTE CONCLUSION, J’AI OBSERVE AVEC VOUS LES DONNEES DU PROBLEME DE LA CORSE DE L’INTERIEUR.
LES GRANDS ATOUTS DE LA CORSE MODERNE QUI SONT LE LITTORAL, LE TOURISME, L’OUVERTURE SUR L’EXTERIEUR SONT UN DEFI POUR LA CORSE DES MONTAGNES EN ATTIRANT LA POPULATION VERS LA COTE. D’AUTRE_PART, IL EST DES REALISATIONS, DES INVESTISSEMENTS, DES IMPLANTATIONS, QUI DONNENT UN PEU AUX CORSES DU LITTORAL LE SENTIMENT QUE LEUR MONTAGNE POURRAIT ETRE UN REFUGE TANT ILS SONT TROUBLES PAR LA VIE MODERNE. IL Y A DONC UN VERITABLE PROBLEME DE LA CORSE DE L’INTERIEUR. CE PROBLEME COMMENT LE RESOUDRE ? VOUS AVEZ ESQUISSE UN CERTAIN NOMBRE DE PERSPECTIVES. D’ABORD, L’INSTALLATION A CORTE PROCHAINEMENT, N’EST-CE PAS MME LE MINISTRE DES UNIVERSITES ‘ALICE SAUNIER-SEITE’ ET ELUE MUNICIPALE DE LA CORSE DE L’INTERIEUR, DE L’UNIVERSITE. CETTE IMPLANTATION, NATURELLEMENT VA POSER DES PROBLEMES A LA VILLE PUISQU’IL Y AURA DES AMENAGEMENTS DES EQUIPEMENTS URBAINS D’ACCOMPAGNEMENT.
CE QUE JE SOUHAITE, MME LE MINISTRE, C’EST QUE CETTE UNIVERSITE SOIT SURTOUT UTILE POUR LES ETUDIANTS. IL NE FAUT PAS FAIRE UNE UNIVERSITE POUR LA SATISFACTION UNIVERSITAIRE, IL FAUT FAIRE UNE UNIVERSITE POUR LES JEUNES CORSES. C’EST-A-DIRE QUE CEUX QUI Y AURONT TRAVAILLE SOIENT ENSUITE APTES A EXERCER DES FONCTIONS DE HAUT NIVEAU, SOIT DANS LA VIE INSULAIRE, SOIT BIEN ENTENDU DANS NOTRE VIE NATIONALE. C’EST POURQUOI, JE SOUHAITE QUE DANS LE CHOIX DES PROGRAMMES, DES ORIENTATIONS, IL Y AIT TOUJOURS, A LA BASE,, UNE PREOCUPATION : QUE FERONT A LEUR SORTIE DE L’UNIVERSITE CES JEUNES FILLES ET CES JEUNES GENS CORSES QUI VEULENT LEGITIMEMENT AVOIR UNE ACTIVITE, UNE RESPONSABILITE ET UN EMPLOI ?
‘DEBOUCHES’
AU-PLAN DES ORIENTATIONS GENERALES – VOUS AVEZ ADRESSE UNE FLECHE A DE TRES LOINTAINS PREFETS DE LA CORSE, CERTAINEMENT PAS A M. BURGALAT QUI M’ACCOMPAGNE, CERTAINEMENT PAS AU NOUVEAU PREFET DE LA HAUTE-CORSE ‘YVES BENTEGEAC’, CERTAINEMENT PAS A MON CONSEILLER POLITIQUE ‘JEAN RIOLACCI’ ISSU LUI-MEME DE LA HAUTE-CORSE.
IL EST TRES IMPORTANT MAINTENANT QU’UNE INFLEXION SOIT MARQUEE AU NIVEAU DES ELUS ET AU NIVEAU DES SERVICES EN DIRECTION DE LA CORSE INTERIEURE, QU’IL S’AGISSE DE LA POURSUITE DE LA POLITIQUE D’EQUIPEMENT, EN-MATIERE ROUTIERE NOTAMMENT, QU’IL S’AGISSE DE L’EFFORT DE MISE EN VALEUR AGRICOLE AU-PROFIT DE L’ELEVAGE EN PARTICULIER, QU’IL S’AGISSE DE LA RECHERCHE DE FORMULES DE TOURISME ASSOCIANT LA PROTECTION DES SITES ET LE PROGRES DU NIVEAU DE VIE DES POPULATIONS.
L’EFFORT DE RENOVATION RURALE EST ENGAGE : IL DEVRA SE POURSUIVRE. JE SUIS CONVAINCU QUE LA SOMIVAC SOCIETE DE MISE EN VALEUR DE LA CORSE EST PRETE A LE DEVELOPPER DANS VOTRE REGION.
LES PERSPECTIVES QUE J’AI OUVERTES, HIER, A AJACCIO EN DIRECTION DE L’ARTISANAT, DOIVENT EGALEMENT S’APPLIQUER, ME SEMBLE-T-IL, LARGEMENT A LA CORSE DE L’INTERIEUR. ENFIN, M. LE MINISTRE DE L’INTERIEUR ‘CHRISTIAN BONNET’, IL FAUT QUE VOUS PENSIEZ, AVEC VOS COLLEGUES DU GOUVERNEMENT, A METTRE CHAQUE JOUR EN APPLICATION CETTE ORIENTATION QUE J’AVAIS FIXEE L’ANNEE DERNIERE DANS UNE MONTAGNE A VALLOUISE, QUI EST CELLE DU MAINTIEN DES SERVICES PUBLICS EN ZONE RURALE DIFFICILE. JE SAIS QUE CELA ENTRAINE UN CERTAIN SURCOUT POUR LES SERVICES, JE SAIS QUE CERTAINS FONCTIONNAIRES PREFERENT ETRE REGROUPES DANS DES CENTRES PLUS IMPORTANTS. MAIS IL NE FAUT PAS OUBLIER LA NOTION DU SERVICE PUBLIC.
LE SERVICE PUBLIC EST FAIT POUR LES POPULATIONS : IL DOIT DONC CONTINUER A S’EXERCER TRES LARGEMENT SUR_PLACE ; C’EST VRAI POUR L’EDUCATION, POUR L’EQUIPEMENT, POUR LA SECURITE
UN DEUXIEME ASPECT QUE J’EVOQUERAI EN PRESENCE DU PRESIDENT GIACOBBI, C’EST LE PARC REGIONAL. PARCE QUE JE CROIS QUE CE PARC REGIONAL CONSTITUE UN EXEMPLE DE CE QUI PEUT ETRE ENTREPRIS POUR ASSURER LE DEVELOPPEMENT DE LA CORSE INTERIEURE. CET ETABLISSEMENT PUBLIC S’ETEND SUR 70 COMMUNES DONT PLUSIEURS DANS LE CORTENAIS ET RECOUVRE ENVIRON 200 000 HECTARES. LA NATURE L’A DOTE A L’ORIGINE D’UN CERTAIN NOMBRE DE RESSOURCES NATURELLES SUPERBES ET D’AILLEURS INCONNUES EN DEHORS DE L’ILE, NOTAMMENT VOTRE PATRIMOINE FORESTIER, RICHE DE MAGNIFIQUES ESSENCES. MAIS LE MERITE DES ANIMATEURS DU PARC REGIONAL, C’EST D’AVOIR SU ASSURER L’ASSOCIATION DE PARTENAIRES DIVERS DANS UN DESSEIN CONCRET, PUISQUE TOUS VOUS AVEZ ETE AMENES, D’UNE MANIERE OU D’UNE AUTRE, A PARTICIPER A SA MISE EN PLACE. CE N’EST PAS FACILE DE CONCILIER SUR LE TERRAIN LES DEUX EXIGENCES QUE JE RETROUVE PARTOUT AU-COURS DE MON VOYAGE EN CORSE, QUI SONT LA PROTECTION DU CADRE NATUREL ET LES NECESSITES DU DEVELOPPEMENT. C’EST PAR CONSIDERATION DE CES DEUX PROBLEMES QUE VOUS POURREZ ASSURER LE DEVELOPPEMENT DE LA CORSE INTERIEURE. JE DIS VOLONTIERS QUE CE QUE VOUS FAITES ICI, A UNE VALEUR D’EXEMPLE POUR BEAUCOUP D’AUTRES PARC REGIONAUX. ON PEUT EN DEGAGER DES LECONS QUI SONT VALABLES POUR L’ENSEMBLE DE NOTRE PAYS. C’EST POURQUOI IL CONVIENDRA QUE L’AIDE DE LA COLLECTIVITE NATIONALE CONTINUE A VOUS ETRE APPORTEE.
JE TIRERAI TOUT A L’HEURE DEVANT LES JOURNALISTES QUI ME POSERONT DES QUESTIONS LES LECONS DE CE VOYAGE EN CORSE. VOUS ME DISIEZ, MONSIEUR LE MAIRE, QUE VOUS VOUS REJOUISSIEZ DE PENSER QUE J’ETAIS VENU EN EFFET ECOUTER ET RENCONTRER LES CORSES. L’ACCUEIL DE LA POPULATION DE VOTRE VILLE, COMME L’ACCUEIL IL Y A QUELQUES HEURES DE LA VILLE DE CALVI M’ONT BIEN MONTRE QU’ILS N’Y AVAIT PAS D’AMBIGUITE DANS L’ESPRIT DES CORSES. IL N’Y EN A PAS SUR L’ORIENTATION FONDAMENTALE QU’ILS VEULENT VOIR APPLIQUER DANS LEUR ILE : RESOUDRE LES DIFFICULTES ECONOMIQUES ET SOCIALES AU-SEIN DE LA REPUBLIQUE FRANCAISE. LA POPULATION DE CORTE NE SE SERAIT PAS DERANGEE POUR VENIR SUR MON PASSAGE AVEC NON SEULEMENT SA PRESENCE, MAIS SES GESTES, SES SOURIRES, SES GRAINS DE RIZ, SES PETALES, SI ELLE N’AVAIT PAS QUELQUE CHOSE A EXPRIMER. JE COMPRENDS MIEUX QUE LA CORSE, CE N’EST PAS LE PROBLEME DE LA CORSE, CE SONT LES PROBLEMES DE LA CORSE DUS A LA DISLANCE, A L’INSULARITE, A LA DIFFICULTE DU SOL, A CELLE DE SES COMMUNICATIONS INTERIEURES, A LA TRADITION D’EXPATRIEMENT, AUJOURD’HUI MODIFIEE, DE SES FILS DANS LES POSSESSIONS FRANCAISES DE JADIS. TOUT CECI A CREE DES PROBLEMES. CE QUE LES CORSES ATTENDENT, C’EST QU’ILS SOIENT RESOLUS DANS UN ESPRIT MODERNE DE PROGRES ET DE JUSTICE. CE SONT CES PROBLEMES QUE LE GOUVERNEMENT REGLERA AVEC LE CONCOURS DES ELUS MUNICIPAUX, CANTONAUX ET LEGISTATIFS DE LA CORSE. CAR LA FORME MODERNE DE L’ACTION EN COMMUN, C’EST PRECISEMENT D’ETUDIER EN COMMUN DES PROBLEMES, DE RECHERCHER EN COMMUN DES SOLUTIONS AILLEURS QUE DANS LES DONJONS DE L’ADMINITRATION CENTRALE
MESDAMES, MESSIEURS, JE REGARDE LE DECOR DE VOTRE MAIRIE. J’AI RENCONTRE UNE FOIS UN PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE A CHAMALIERES. IL M’AVAIT DIT : « VOUS AVEZ A CHAMALIERES LA PLUS BELLE MAIRIE DE FRANCE ». CELA PROUVE QUE LES PRESIDENTS DE LA REPUBLIQUE N’ETAIENT PAS VENUS A CORTE. VOUS AVEZ UNE PLUS BELLE MAIRIE QUE N’ETAIT LA MIENNE. SUR SES MURS, VOUS AVEZ PRIS LE SOIN D’ECRIRE UNE DEVISE ; CETTE DEVISE IL NE FAUT PAS LA PRENDRE AU SENS ETROIT, IL FAUT LA PRENDRE AU SENS LARGE : « FORTI SAREMU SI SAREMU UNITI », »NOUS SERONS FORT SI NOUS RESTONS UNIS ». VIVE CORTE, VIVE LA CORSE, VIVE LA FRANCE.