La gare
Le train à Corte
Ce ne fut pas facile…
Dans le cadre du trentenaire de A Rinascita, Paul Silvani a donné à l’Hôtel de Ville de Corte une conférence sur les débuts du chemin de fer dans notre ville. Il a fait état des différentes options et des divergences des promoteurs du réseau – compagnies privées aspirant à la concession, Conseil Général ou État, qui eurent finalement le dernier mot.
Tout commence en 1855 lorsque l’ancien receveur des finances Conti propose la construction d’un chemin de fer Sardo-Corse « ayant pour but de rapprocher les distances entre l’Europe et l’Afrique en passant par la Corse et la Sardaigne ». La ligne Corse conduirait de Bastia à Bonifacio et, par la suite, divers embranchements y seraient ajoutés, dont l’un d’Aleria à Sartène en passant par Corte et Ajaccio. En 1861, l’ancien député Limperani fait adopter par le Conseil Général le principe d’une ligne Ajaccio-Bastia par Sartène et Bonifacio, avec embranchement vers Corte. Chacun a son idée, qu’il défend avec obstination parfois, mais c’est Ferri-Pisani qui, en 1863, fait accepter par le conseil Général le projet d’une ligne Ajaccio-Corte-Bastia.
Sous le Second Empire, les propositions pleuvent sans résultat. Jusqu’à ce qu’en 1869, le préfet présente à l’enquête deux options : l’une d’Ajaccio à Bastia par Corte, l’autre de Bastia à Aleria avec remontée le long du Tavignano, Ajaccio étant joint par Vivario et Vizzavona, mais sans que Corte soit directement touchée, sa gare étant située à 17 km du confluent du Tavignano et du Vecchio, d’où la ligne d’Aleria poursuivrait vers le Sud.
La grande enquête publique de 1877 déterminera le tracé définitif d’Ajaccio à Bastia par Corte, et les travaux commenceront à Ajaccio l’année suivante et à Bastia en 1879. Ne voyant rien venir, Ordioni, le maire de Corte demandera en 1978 le début des travaux d’urgence et fera voter le 12 novembre 1879 par son conseil municipal une motion réclamant l’ouverture du chantier de la gare, soulignant « l’état de souffrance alarmant dans lequel se trouve la classe ouvrière de la ville par suite du manque absolu de travail, et du désastre occasionné par la grêle et le phylloxéra pendant l’année 79 ».
Les travaux commencèrent dans les années 1880, l’obstacle de San-Quilico étant surmonté par le percement d’un tunnel, et le problème de l’alimentation en eau de la gare par un accord avec l’autorité militaire, qui accorda à la Compagnie des chemins de fer départementaux, concessionnaire de l’exploitation, l’autorisation de prélever cent mètres cubes par jour sur sa conduite haute.
La conférence de Paul Silvani a été suivie par un public nombreux, au premier rang duquel étaient le maire, Tony Sindali, et l’ancien maire adjoint Dominique Baldacci. le conférencier a ensuite répondu aux questions de l’auditoire et confirmé que son ouvrage « Train de Corse, train rebelle » – dont on peut dire qu’il est particulièrement attendu – paraîtra fin novembre prochain aux éditions Albiana.
Antoine Feracci