Les premiers cours de corse à Corte / 1971

Scola corsa O mà cortideri

Avant de parler des premiers cours de corse donnés à Corte dans les années 70, un petit retour en arrière s’impose.

C’est entre les deux guerres mondiales que l’idée que le corse doit avoir sa place dans l’enseignement émerge. Sous l’impulsion du journal de langue corse A Muvra paru à Ajaccio de 1920 à 1939, cette idée fleurie mais elle sera fortement entachée auprès de l’opinion publique du discrédit jeté sur ses défenseurs par la confusion entre autonomisme corse et irrédentisme italien.

Une fois la Seconde Guerre mondiale terminée, les dix années qui suivent laissent les parlementaires corses dans un état teinté d’apathie. Ainsi, l’omission du Corse dans la Loi Deixonne de 1951 n’engendra aucune réaction, la loi est votée sans aucune réserve.

Un éveil des consciences se produit en 1955, avec notamment la naissance à Bastia de la revue partiellement rédigée en Corse U Muntese et la fondation de l’association Lingua Corsa admise en 1962 au Conseil national des langues et cultures régionales de France.

U Muntese et Lingua Corsa demandent la reconnaissance du corse dans l’enseignement et inspirent en 1965 et 1967 deux propositions de loi qui ne purent malheureusement aboutir.

A partir de 1968, la situation se débloque. La refonte des structures universitaires cette même année permit à l’enseignement de la langue corse de se faire une place.

A la rentrée 1968 sont créés à Aix un certificat de langue, littérature et civilisation corses et un séminaire de maitrise complétés plus tard par deux unités de valeur de premier cycle.

En octobre 1970, c’est au tour de Nice, avec une UV pluridisciplinaire ; en octobre 1972 c’est l’Université de Paris III qui propose une UV de même type.

Dans le cheminement de cet éveil universitaire, des cours de corse, animés par des enseignants bénévoles s’ouvrent dans les lycées de l’île, puis en France continentale.

Le 12 Mars 1971, à 18h15, Corte ouvre le bal dans les locaux du Lycée Pascal Paoli, avec l’approbation du principal Monsieur Selle. Les enseignants : Mesdames De Gentili, Naudet, Pelliza et Messieurs Giudicelli, Luciani, Moretti et Sicurani. Les inscriptions s’élargiront à 180 inscrits : collégiens, lycéens et adultes, en majorité des continentaux désireux de s’installer en Corse et de parfaire leur assimilation. Certains venaient même de l’extrémité de l’île.

Jean Baptiste Stromboni, originaire de Sartène ardent défenseur de la langue Corse avait lui aussi pris une part active à ces ateliers. On n’oubliera pas aussi le rôle capital joué par Jean Albertini, fondateur du Centre d’études régionales Corses( CERC) et d’un dictionnaire Français -Corse des plus utiles.

A la rentrée scolaire suivante des cours de corse s’ouvrent à Bastia, Ajaccio et Paris. En 1972 ces groupes se fédèrent sous le nom de Scola Corsa en une association régie par la loi de 1901 et dont le siège se trouve à Corte.

En plus de sa mission d’enseignement, Scola Corsa porte ses efforts sur l’extension au corse de la loi Deixonne. Elle inspire une campagne de presse, d’affiches, de pétitions et entraine le Conseil général à prendre position. Elle obtient, après un voyage du ministre de l’Education nationale à Ajaccio en octobre 1972, l‘application partielle de la Loi Deixonne au corse à titre expérimental en janvier 1973, puis son application intégrale un an plus tard.

Nous fêtons donc cette année, les 50 ans du premier cours de corse à Corte !

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